Etude de cas

40 ans de transhumance

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40 ans de transhumance

Contenu

1. Introduction

Fabio Fornasa est berger depuis plus de 40 ans. Il est l’un des rares praticiens de la transhumance à utiliser encore des ânes pour transporter les agneaux nouveau-nés. Fabio Fornasa coopère avec Manuel, un jeune berger de 24 ans, qui possède son propre troupeau. Fabio Fornasa a actuellement perdu l’accès à deux fermes saisonnières qu’il louait dans le passé.

2. Informations de base

Principal promoteur

Fabio Fornasa

Début de la pratique

1980s

Emplacement

Between Dolomiti, Vicenza’s Prealps and Padova

Organisations concernées
  • Agriculteur(s) / laitier(s) / éleveur(s)
Propriété des terres utilisées pour l'agriculture de transhumance
  • Location de terrains publics : était
Produits de base

La viande est le principal produit. En outre, la pratique de la transhumance fournit de la laine, préserve le paysage, la biodiversité et participe à l’éducation en général.

NUTS3-Région
ITH20 (Trento), ITH32 (Vicenza), ITH36 (Padova)
  • Pâturages d'hiver

Galerie

3. Situation avant le démarrage/le changement/la poursuite

Fabio Fornasa et, plus tard, également Manuel, louaient deux fermes saisonnières (malghe) entre Folgaria (Dolomites) et Asiago (Préalpes de Vicence) avec 200 ha de pâturages. En hiver, ils se déplaçaient avec leurs moutons dans les provinces de Vicence et de Padoue. En mai, ils retournaient dans les Dolomites et les Préalpes. Aujourd’hui, ils ont perdu leur droit d’utiliser les fermes au profit des habitants de ces montagnes. Fabio Fornasa et Manuel doivent chercher un autre endroit ou être contraints de passer également l’été dans la plaine.

Fabio Fornasa n’est pas né dans une famille de bergers, mais il a rencontré des praticiens de la transhumance lorsqu’il était adolescent et a appris le travail avec eux.

4. Description de l'entreprise Transhumance Farming

Type de paysage

Les pâturages d’été sont situés dans un paysage de montagne avec des prairies. Il s’agit de terres communales, typiques du plateau d’Asiago. Le paysage de la plaine se caractérise par des champs ouverts et vastes, avec quelques vignobles. La zone est qualifiée d’ »agropolitaine », en raison de la forte interconnexion entre les zones urbanisées et rurales.

Animaux Type/ race

Les moutons appartiennent à deux races sélectionnées traditionnelles du nord de l’Italie, les races Biellese et Bergamasca.

Modes de déplacement

Le type de transhumance est vertical, les déplacements se font toujours à pied. Fabio Fornasa parcourt habituellement plus de 1000 mètres d’altitude entre les plaines et les montagnes.

Type de coopération

Fabio Fornasa collabore avec Manuel, qui est également berger.

Marchés visés/vente de produits

Fabio Fornasa vend quelques agneaux et les brebis qui ne produisent plus de lait ou qui sont trop âgées à des vendeurs de viande, qui les distribuent ensuite à leurs clients.

Menaces et défis

Plusieurs menaces et défis se posent, tant dans les montagnes que dans les plaines. Dans les montagnes, les bergers et les agriculteurs s’affrontent pour obtenir le droit d’utiliser les fermes saisonnières publiques. En perdant l’accès aux fermes saisonnières, les deux bergers risquent d’être contraints de rester dans la plaine même en été. De plus, le nombre de loups a augmenté, ce qui accroît le risque d’attaque des moutons. Dans les plaines, l’urbanisation et l’agriculture intensive sont trop importantes, ce qui laisse peu d’espace pour le pâturage des moutons. Les moutons doivent pâturer dans des champs privés, mais les propriétaires s’y opposent parfois. Certaines municipalités ont décidé d’interdire le pâturage sur l’ensemble de leur territoire.

5. Décisions prises

Raisonnement

Fabio Fornasa a commencé l’élevage en transhumance par passion pour ce métier et il continue pour la même raison. La transhumance ne présente pas d’avantages économiques particuliers par rapport à d’autres métiers.

Décision relative au type d'animal/à la race spécifique

Les races Biellese et Bergamasca sont les plus répandues dans la région et ont été sélectionnées à l’origine pour leur production de viande.

Décision relative au système de production

Le système de production actuel est le même que celui de la transhumance traditionnelle, avec quelques innovations qui sont devenues la norme pour tous les praticiens de la transhumance. Fabio Fornasa continue à transporter les agneaux nouveau-nés dans des sacs suspendus au dos des ânes pendant les premiers jours. Cette pratique permet de préserver l’odeur de la mère, ce qui permet aux mères de reconnaître leurs agneaux. Dans d’autres troupeaux transhumants, ces agneaux sont transportés par des camions.

Diversification des revenus

Selon Fabio Fornasa, il n’est pas facile d’atteindre un revenu suffisant uniquement avec l’argent gagné par l’activité transhumante. Manuel et lui doivent compter sur les contributions de l’Union européenne pour l’agriculture saisonnière (lorsqu’ils ont réussi à louer des fermes saisonnières).

Aspects multifonctionnels

Fabio Fornasa ne semble pas conscient de son rôle et de celui de Manuel dans la préservation de la biodiversité du paysage ; du moins, il ne le mentionne pas comme l’une des raisons qui le poussent à poursuivre la transhumance.

6. Formation/ compétences pour créer l'entreprise

La création d’une activité de transhumance requiert de nombreuses compétences et connaissances pratiques, généralement enseignées oralement aux débutants par des praticiens plus âgés. Fabio Fornasa a appris le métier de cette manière en travaillant comme assistant d’un berger plus âgé.

7. Prochaines étapes pour aller de l'avant

Fabio Fornasa n’a pas évoqué de projet de changement de pratique. Comme beaucoup d’autres éleveurs, il prévoit d’essayer de survivre dans les années à venir dans un environnement qui, chaque année, fait peser de nouvelles menaces sur son activité. Son innovation réside dans la préservation d’une tradition très particulière, l’utilisation d’ânes pour transporter les agneaux nouveau-nés. Dans la grande majorité des autres troupeaux, les ânes ne sont conservés qu’à titre d’élément « folklorique ». Fabio Fornasa a indiqué qu’il avait essayé par le passé de s’impliquer dans une association de bergers, mais qu’il s’était lassé et qu’il avait quitté l’association peu de temps après.

8. Citation et recommandation du promoteur

Selon Fabio, le plus grand défi est de louer une ferme saisonnière dans les montagnes. Aujourd’hui, le droit est souvent donné aux personnes qui habitent ces montagnes ou qui ont moins de 40 ans, même si elles manquent d’expérience ou ont moins de besoins.

L’espace pour la transhumance est en constante diminution, mais le nombre de pratiquants augmente.

Son défi est de continuer à vivre en faisant ce que les deux bergers aiment le plus, alors que le  métier est soumis à des rythmes tout à fait différents de ceux de la vie moderne.

Selon Manuel, l’associé de Fabio Fornasa, un éleveur transhumant qui part de zéro a besoin avant tout de passion : « On gagne aussi un peu d’argent, mais pour rester tout le temps dehors et vivre de cette façon, il faut de la passion… Quelqu’un de passionné s’occupe de l’animal et apprend à le manipuler ».