Pierre Pujos possède un troupeau de 300 ovins (150 brebis et 150 moutons). Il pratique la transhumance longue avec 180 animaux chaque été depuis 2019. Le reste des animaux reste à la ferme, sous la surveillance de son salarié.
Les deux premières années, la transhumance s’est faite en camion. Depuis 2021, Pierre Pujos effectue les 160 km de sa transhumance verticale entièrement à pied. De sa ferme de la grande plaine céréalière de Gascogne à 160 m d’altitude, il se rend d’abord dans le village pyrénéen d’Ardengost à 1 000 m d’altitude, puis dans les alpages de haute montagne jusqu’à 1 700 m d’altitude.
Les étapes du jour font en moyenne 12 km. Pierre Pujos essaie d’alterner trois jours de marche pour un jour de repos. Au total, le voyage dure trois semaines. L’accompagnement d’une voiture est indispensable pour transporter la tente, l’abreuvoir, l’enclos des animaux et l’éleveur transhumant lui-même. L’après-midi, Pierre Pujos parcourt le trajet emprunté par les animaux la veille pour vérification. Il a donc besoin d’être ramené au point de départ par l’une des personnes qui l’accompagnent. Il s’agit soit de bénévoles, soit de son employé. Ce dernier vient de temps en temps en renfort.
Les chemins les plus petits possibles (environ 50 % de terre) ou les petits chemins goudronnés sont privilégiés sur l’itinéraire. Le troupeau doit traverser deux grands axes routiers et une voie ferrée. Le parcours est donc préparé à l’avance et déclaré aux préfectures des deux départements concernés. Certaines heures précises de passage doivent être mentionnées. Deux stagiaires assistent Pierre Pujos. Ils vérifient le parcours et informent les mairies par téléphone. Pour 2023, un itinéraire alternatif a été choisi pour éviter un bourbier. Le reste du parcours est quasiment identique à celui de l’année précédente.
A son arrivée en montagne, le troupeau passe trois semaines au village (de la mi-mai au 10 juin) où il pâture les espaces ouverts. Ensuite, le bétail monte à 1700 m. Les pâturages de la commune d’Ardengost sont loués à la municipalité. L’emplacement des pâturages est défini à l’avance : « Une fois qu’on a un endroit, on ne le lâche plus, car il est de plus en plus difficile d’obtenir des terres en montagne », explique Pierre Pujos. La demande de pâturage en montagne augmente fortement sur les alpages.
De mi-mai à mi-octobre, Pierre Pujos emploie deux personnes à temps partiel (un berger et une bergère) pour s’occuper du troupeau car Pierre Pujos retourne à sa ferme. Il vient cependant de temps en temps à l’alpage pendant l’été. Un groupement pastoral (structure associative créée par la loi pastorale de 1972) rémunère le berger et la bergère et gère l’activité en général.
Les autres troupeaux des pâturages de l’Ardengost (1100 brebis et 30 vaches) viennent par camion ou à pied en un ou deux jours depuis les vallées voisines. Cependant, quelques éleveurs de montagne supplémentaires commencent à faire le voyage à pied.