Etude de cas

A pied en haute montagne

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A pied en haute montagne

Contenu

1. Introduction

Pierre Pujos est céréalier depuis plus de vingt ans dans le sud-ouest de la France. En 2019, il s’est diversifié dans une activité d’élevage en plein air tout en conservant sa production céréalière. Son troupeau de moutons pâture dans ses champs ou à proximité avant de monter dans les Pyrénées durant l’été. Le troupeau parcourt 160 km à pied lors de cette longue transhumance. Pour Pierre Pujos, les avantages sont nombreux.

2. Informations de base

Principal promoteur

Pierre Pujos

Début de la pratique

2019

Emplacement

Saint-Puy, France

Organisations concernées
  • Agriculteur(s) / laitier(s) / éleveur(s)
  • Propriétaire(s) foncier(s) public(s)
  • Municipalité(s)
Surface totale des terres exploitées en ha
  • 300 hectares d’alpages pour 10 éleveurs transhumants, soit environ 30 hectares par troupeau
Propriété des terres utilisées pour l'agriculture de transhumance
  • Location de terrains publics
Produits de base
  • Viande d’agneau (vente directe aux restaurants de la région de l’exploitation, circuits de distribution pour la restauration collective)
  • Sur les estives, entretien des paysages ouverts, notamment autour du village d’altitude d’Ardengost
NUTS3-Région
FRJ2 Midi-Pyrénées
  • Main Farm

    Ferme

  • Estive (pâturages d'été)

Galerie

3. Situation avant le démarrage/le changement/la poursuite

Pierre Pujos, 55 ans, a été employé au ministère de l’Agriculture (chargé de missions sur les produits phytosanitaires), puis professeur de biologie dans un lycée agricole. Depuis 1998, il travaille sur une exploitation céréalière dans le village de Saint-Puy, dans le département du Gers (sud-ouest de la France). Parallèlement, il participe à la création de deux coopératives biologiques à Auch. L’exploitation de 200 hectares qu’il dirige est en bio depuis sa création et produit un petit nombre de céréales différentes (haricots, petit épeautre, lentilles, blé, etc.). Il a utilisé des engrais pour la dernière fois en 2004, car il estime que les engrais organiques sont financièrement inabordables. Il a un employé qui l’aide sur l’exploitation depuis 2006. Les céréales produites sont vendues à des coopératives ou directement à des boulangers.

4. Description de l'entreprise Transhumance Farming

Type de paysage

L’exploitation d’hiver est située dans la plaine céréalière du Gers. Les pâturages d’été sont situés dans les Pyrénées.

Animaux Type/ race

Les moutons sont de race tarasconnaise, réputée pour sa robustesse.

Modes de déplacement

Pierre Pujos possède un troupeau de 300 ovins (150 brebis et 150 moutons). Il pratique la transhumance longue avec 180 animaux chaque été depuis 2019. Le reste des animaux reste à la ferme, sous la surveillance de son salarié.

Les deux premières années, la transhumance s’est faite en camion. Depuis 2021, Pierre Pujos effectue les 160 km de sa transhumance verticale entièrement à pied. De sa ferme de la grande plaine céréalière de Gascogne à 160 m d’altitude, il se rend d’abord dans le village pyrénéen d’Ardengost à 1 000 m d’altitude, puis dans les alpages de haute montagne jusqu’à 1 700 m d’altitude.

Les étapes du jour font en moyenne 12 km. Pierre Pujos essaie d’alterner trois jours de marche pour un jour de repos. Au total, le voyage dure trois semaines. L’accompagnement d’une voiture est indispensable pour transporter la tente, l’abreuvoir, l’enclos des animaux et l’éleveur transhumant lui-même. L’après-midi, Pierre Pujos parcourt le trajet emprunté par les animaux la veille pour vérification. Il a donc besoin d’être ramené au point de départ par l’une des personnes qui l’accompagnent. Il s’agit soit de bénévoles, soit de son employé. Ce dernier vient de temps en temps en renfort.

Les chemins les plus petits possibles (environ 50 % de terre) ou les petits chemins goudronnés sont privilégiés sur l’itinéraire. Le troupeau doit traverser deux grands axes routiers et une voie ferrée. Le parcours est donc préparé à l’avance et déclaré aux préfectures des deux départements concernés. Certaines heures précises de passage doivent être mentionnées. Deux stagiaires assistent Pierre Pujos. Ils vérifient le parcours et informent les mairies par téléphone. Pour 2023, un itinéraire alternatif a été choisi pour éviter un bourbier. Le reste du parcours est quasiment identique à celui de l’année précédente.

A son arrivée en montagne, le troupeau passe trois semaines au village (de la mi-mai au 10 juin) où il pâture les espaces ouverts. Ensuite, le bétail monte à 1700 m. Les pâturages de la commune d’Ardengost sont loués à la municipalité. L’emplacement des pâturages est défini à l’avance : « Une fois qu’on a un endroit, on ne le lâche plus, car il est de plus en plus difficile d’obtenir des terres en montagne », explique Pierre Pujos. La demande de pâturage en montagne augmente fortement sur les alpages.

De mi-mai à mi-octobre, Pierre Pujos emploie deux personnes à temps partiel (un berger et une bergère) pour s’occuper du troupeau car Pierre Pujos retourne à sa ferme. Il vient cependant de temps en temps à l’alpage pendant l’été. Un groupement pastoral (structure associative créée par la loi pastorale de 1972) rémunère le berger et la bergère et gère l’activité en général.

Les autres troupeaux des pâturages de l’Ardengost (1100 brebis et 30 vaches) viennent par camion ou à pied en un ou deux jours depuis les vallées voisines. Cependant, quelques éleveurs de montagne supplémentaires commencent à faire le voyage à pied.

Marchés visés/vente de produits

La viande était déjà produite avant de pratiquer la transhumance. La transhumance apporte de nouveaux avantages à la gestion du troupeau pendant les mois d’été.

Menaces et défis

L’un des principaux défis consiste à commencer la transhumance à pied. Cependant, le fait d’être dans un système de plein air complet rend relativement facile le passage à une longue transhumance à pied.

5. Décisions prises

Raisonnement

La transhumance a débuté pour des raisons économiques et, dans une moindre mesure, écologiques, en raison des étés de plus en plus chauds, synonymes de sécheresse, dans le sud-ouest de la France.

Décision relative au type d'animal/à la race spécifique

La race Tarasconnaise est très bien adaptée à la transhumance.

Décision relative au système de production

L’intérêt de la transhumance est d’abord conditionné par la situation de l’exploitation. Dans cette région du Gers, les terres sont essentiellement consacrées aux grandes cultures et la sécheresse fait que les pâturages manquent en début d’année. 

Partir trois semaines avant un voyage en camion permet à Pierre Pujos de nourrir son troupeau sur la route sans utiliser ses ressources ou celles de l’estive. La longue transhumance permet de suivre la croissance. Il y a environ trois semaines de différence dans la croissance des plantes entre la ferme et les alpages. Le troupeau reste aux meilleurs endroits pendant le voyage, puis à l’estive : « Nous avons suivi le climat », dit Pierre Pujos. De plus, les ruminants préfèrent éviter les transitions rapides. Comme les animaux reviennent rarement sur la même parcelle au cours de l’année, la gestion du parasitisme est peu nécessaire.

Diversification des revenus

L’avantage de la transhumance n’est pas directement financier, puisqu’un voyage à pied ou en camion a un prix équivalent (environ 800 euros). En revanche, l’intérêt financier est lié à la santé des animaux, qui reviennent en bon état, et le troupeau est nourri pendant les trois semaines de la transhumance.

Aspects multifonctionnels

Pour l’agriculteur, la transhumance est une pause dans son activité : l’itinérance permet des rencontres, des discussions, des changements dans la vie quotidienne.

6. Formation/ compétences pour créer l'entreprise

Pierre Pujos n’a pas suivi de formation spécifique pour pratiquer la transhumance. Il a pu suivre des formations ponctuelles organisées par les groupements de producteurs et les chambres d’agriculture (présentes dans tous les départements de France). Il a également noué des partenariats avec des éleveurs. Il a surtout appris en autodidacte, car il existe très peu de références concernant l’élevage en plein air intégral et la pratique de la transhumance longue.

7. Prochaines étapes pour aller de l'avant

Ce système mixte élevage-céréales correspond bien aux attentes de l’agriculteur. Pierre Pujos ne regrette pas du tout sa diversification et le choix d’être en système plein air intégral. Cela signifie que son troupeau est toujours à l’extérieur, dans les parcelles de la propriété ou dans un rayon maximum de 25 km autour de sa ferme en hiver, et en montagne en été. L’investissement aurait été d’environ 400 000 euros pour une exploitation traditionnelle (stabulations, deux hangars, l’un pour le foin, l’autre pour le matériel), contre 15 000 euros pour l’élevage intégral en plein air. En outre, il faut payer l’achat du bétail. Depuis 2022, après un investissement de quatre ans, l’activité de plein air intégral a apporté à Pierre Pujos quelques gains, même si l’aide à l’élevage les a grandement facilités. Pour l’avenir, il a besoin d’une aide humaine plutôt que matérielle.

8. Citation et recommandation du promoteur

L’un des principaux défis est de commencer la transhumance à pied. La première année, tout est à faire : l’itinéraire, les autorisations… Il faut donc consacrer beaucoup de temps à la préparation. Mais à partir de la deuxième année, l’activité étant mise en place, la préparation prend beaucoup moins de temps.

Cependant, même si certains agriculteurs viennent suivre la transhumance à pied, tout le monde ne peut pas prendre trois semaines : il y a la saison des foins, et il faut au moins un employé sur l’exploitation… Pierre Pujos estime que la transhumance à pied est difficile, voire impossible, pour un agriculteur en système traditionnel. 

Cependant, le fait d’être dans un système en plein air rend relativement facile le passage à une longue transhumance à pied.